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Un autre processus constitutionnel a échoué.
Que se passe-t-il au Chili ?

Article paru dans le site du Mouvement International des Travailleurs (MIT Chile Lit-Ci) le 18 décembre 2023 et qui
analyse la crise du régime démocratico-bourgeois au Chili après les échecs de deux propositions constitutionnelles.
www.vozdelostrabajadores.cl/otro-proceso-constitucional-fallido-que-pasa-en-chile

Avec une différence de plus de dix points, l’option « Contre » l’a emporté sur l’option « En faveur » lors du nouveau plébiscite constitutionnel. Le premier l’a emporté avec 55,76% des voix contre 44,24% pour le second. Avec ce vote, se termine un cycle constitutionnel ouvert le 15 novembre
2019 avec l’Accord de paix, qui proposait comme issue à la crise sociale la réalisation d’un processus constituant qui pourrait générer un nouveau « pacte social ».
Sans prétendre procéder à une analyse complète de l’ensemble du processus social que nous avons vécu au cours des quatre dernières années, depuis le déclenchement révolutionnaire, nous voulons souligner quelques éléments pour aider à interpréter les résultats d’hier.

Quelques données pertinentes
Dans 71 % des communes du pays, c’est l’option « Contre » qui l’a emporté. Sur les 16 régions, l’option « En faveur » n’a gagné que dans trois d’entre elles : Ñuble, Maule et La Araucanía, régions méridionales à forte pondération de grandes entreprises agricoles. Dans la région métropolitaine (RM), le résultat du plébiscite est très similaire à celui du premier plébiscite constitutionnel, qui demandait si oui ou non les gens voulaient une nouvelle Constitution. Dans le plébiscite actuel, l’option « En faveur » n’a gagné que dans cinq communes, Vitacura, Lo Barnechea et Las Condes, San Pedro et Colina, parmi lesquelles on trouve les trois plus riches de Santiago et du pays, exprimant une nette division de classe dans l’électorat. Alors que nous pouvons expliquer la victoire des « En faveur » dans ces communes sur la base de la conscience de classe des familles bourgeoises, car c’était leur Constitution, nous ne pouvons pas faire de
même pour expliquer la victoire des « Contre » dans la plus grande partie de la capitale, car les raisons du vote « Contre » sont plus diffuses. Dans certains des quartiers les plus pauvres et les plus populaires de Santiago, tels que Lo Espejo, San Joaquín, La Pintana, La Granja, Puente Alto,
San Ramón, Cerro Navia, Pudahuel, Maipú et d’autres, les « contre » ont obtenu plus de 60 % des voix. La presse bourgeoise elle-même[1] attire l’attention sur le fait que, dans les communes où les problèmes de « sécurité » et de « violence » sont les plus aigus, l’option « Pour » n’a pas obtenu de larges voix, ce qui montre que l’extrême droite a eu beaucoup de mal à lier son discours de crise sécuritaire à l’approbation de sa Constitution.

Carte de la votation dans la Grand Santiago, manquent quelques communes de la Région métropolitaine.

Outre à ces données il convient de montrer que le taux de participation a atteint 84 % (2 % de moins que lors du plébiscite précédent). Les justifications de l’abstention ont triplé et le nombre de votes nuls et blancs a plus que doublé par rapport au dernier plébiscite constitutionnel, ce dernier atteignant 5 % des votantes.

Comment interpréter les résultats ?

Beaucoup « d’analystes » bourgeois disent que ce processus se termine par deux échecs et aucun gagnant.[2] Nous ne partageons pas ce point de vue. Depuis l’Accord de paix de 2019, nous avons analysé que le processus constituant avait un double visage. D’une part, il exprimait une conquête sociale qui a permis à plusieurs des revendications historiques du mouvement social et ouvrier d’entrer, avec beaucoup de difficultés, dans le projet de Constitution approuvé par la Convention constitutionnelle ratée.[3] D’autre part, l’objectif réel des partis bourgeois et réformistes qui ont signé l’Accord de paix était d’utiliser le processus constituant pour canaliser le mécontentement social vers les institutions de la démocratie bourgeoise, vers un nouveau cadre institutionnel issue d’un nouveau « pacte social ». Ainsi, ils avaient l’intention de clore le processus ouvert le 18 octobre : faire sortir les masses de la rue, mettre fin à la violence révolutionnaire et installer la « paix des cimetières » de la démocratie bourgeoise, où les politiciens professionnels négocient des accords dans des salles luxueuses et climatisées. Ce deuxième objectif a été atteint.[4]
Pour les propriétaires du Chili et leurs représentants politiques, il n’est pas vrai que l’échec des deux assemblées constituantes ait été une grande défaite. Du point de vue de sa structure juridique et économique, le pays est encore à peu près au même endroit qu’avant le déclenchement révolutionnaire. Nous continuons avec la Constitution de 1980, qui est totalement pro-patronat, et les masses ne sont plus dans la rue pour exiger un changement social. Pour cette raison, nous pensons que les Processus constituants ont rempli, en partie, leur objectif : démobiliser le mouvement de masse et démoraliser une partie de son avant-garde.
Cependant, ce n’est qu’un aspect du problème car l’un des objectifs du processus constituant, principalement mis en avant par les partis qui le défendaient, tels que les socialistes, le Frente Amplio et le Parti communiste, était de créer un nouveau pacte social qui donnerait une stabilité à long terme à la domination bourgeoise dans le pays, avec plus de concessions aux masses (sécurité sociale publique, droit à l’avortement, plus de droits syndicaux, etc.). Celles-ci pour que le Chili n’éclate pas à nouveau en manifestations violentes dans les années ou les décennies à venir.
À cet égard, le processus constituant a aussi un double visage. Si, d’une part, il a réussi à clore immédiatement le processus révolutionnaire, il n’a pas réussi à générer un « pacte social » stable et durable pour la bourgeoisie. Les problèmes sociaux continuent d’augmenter, comme nous
l’avons décrit dans une autre note, et les grandes entreprises ne sont pas disposées à faire des concessions au mouvement de masse, comme cela a été démontré au cours des quatre dernières années.

Le rejet de l’actuelle proposition constitutionnelle de droite a empêché un nouveau recul dans le domaine des droits sociaux (bien que les attaques se poursuivront au Parlement). Mais il reste à voir si les masses avanceront dans de nouvelles articulations pour faire face à ce qui s’en vient.
Seul le temps et la lutte des classes montreront si cette défaite relative de la droite se transformera en une victoire relative des masses, provoquant des conséquences positives pour la ré-articulation du mouvement de masse.
Avec l’échec des deux processus constituants, les partis réformistes ont été les plus touchés. C’est parce que le Parti communiste et le Frente Amplio ont été les grands défenseurs d’un programme qui mettait au centre la nécessité d’une « Assemblée constituante » pour « mettre fin au
néolibéralisme ». Eh bien, la réalité a montré que cette voie a échoué. D’abord parce que la proposition de Constitution de la Convention constitutionnelle, rédigée et défendue par ces partis et par les indépendants de gauche, n’a pas mis fin au néolibéralisme et a maintenu intacte la
structure semi-coloniale du Chili, avec la privatisation du cuivre et la domination de dix familles sur l’ensemble de l’économie. Deuxièmement, parce que ni la Convention, ni le gouvernement de Boric, ni le dernier Processus constituant n’ont apporté de réponses concrètes aux problèmes les plus ressentis par les masses. Ainsi, nous pouvons dire que de larges secteurs des masses ont fait l’expérience du programme du PC/FA et ont vu que ce programme mène à une impasse, c’est plus ou moins la même chose (ce qui ne signifie pas que ces partis sont morts socialement et/ou
électoralement).

La droite, de son côté, pensait avoir capitalisé le mécontentement contre Boric et la « gauche » de la Convention constitutionnelle précédente. S’il est vrai qu’au début, son discours a réussi à toucher de larges secteurs des masses, il n’est pas vrai que tout le « rejet » du plébiscite précédent s’est transformé en soutien aux propositions de droite. C’est ce que démontre
clairement le résultat du plébiscite actuel, où la Constitution du plébiscite a été entièrement rédigée par la droite.
Les rejets aux deux propositions constitutionnelles montre que la crise du régime démocratique bourgeois demeure. Le mécontentement social à l’égard des institutions et des partis politiques est toujours présent et les problèmes sociaux qui ont généré l’épidémie sont toujours en vigueur. Pour maintenir sa décadence, le régime démocratique bourgeois avait besoin de s’oxygéner avec deux processus constituants et l’incorporation totale du Front large, du Parti communiste et aussi de l’extrême droite républicaine dans le régime politique du pays. Maintenant, le régime devait
intégrer ces « nouveaux » acteurs afin de maintenir la « gouvernabilité ».
Dire que la crise du régime démocratique bourgeois est toujours présente ne signifie pas qu’il mourra de lui-même ou qu’il est en phase terminale de déclin. S’il n’y a pas d’alternative révolutionnaire, les choses resteront telles qu’elles sont, avec une répression accrue pour répondre au mécontentement social.
Le discours de Gabriel Boric à l’annonce du résultat du plébiscite a indiqué la voie que suivra son gouvernement. Il a appelé la droite à conclure de nouveaux accords transversaux, à « résoudre » les problèmes de sécurité, de retraites et à parvenir à un pacte fiscal. Comme nous l’avons déjà vu
au cours des deux dernières années, l’objectif principal de ces accords est de maintenir la propriété capitaliste des grands patrons, avec la continuité des AFP, des ISAPRES, et d’autre part, des salaires de famine pour les travailleurs. Tout cela, tout en approuvant des lois plus répressives
telles que la loi anti-OPA, la loi sur les infrastructures critiques, les États d’exception en Araucania et le loi Naín Retamal, entre autres.

Les héritiers du Parti communiste : le fétiche de l’Assemblée constituante

Dans la sphère de la gauche extra-parlementaire et plus liée aux mouvements sociaux, l’idée est maintenue que le Chili a besoin d’une « vraie » Assemblée constituante pour résoudre les problèmes du pays et que la conquête de celle-ci est une tâche posée pour le moment présent.
Cette vision s’étend des organisations staliniennes comme le PC(AP)[5] aux secteurs qui se disent trotskystes comme le PTR[6], en passant par un large éventail d’organisations sociales et anarchistes.
Cette conception a un problème central : elle idéalise une prétendue « Assemblée constituante libre et souveraine » et ne comprend pas qu’au Chili, il y a eu deux expériences au cours des quatre dernières années qui n’ont pas réussi à résoudre les problèmes des masses.
Les assemblées constituantes sous le capitalisme sont toujours des organes de la bourgeoisie, aussi « libres » et « souveraines » soient-elles. C’est parce que leur forme d’élection, basée sur le suffrage universel et avec d’énormes campagnes financées par le grand capital, signifie que la bourgeoisie a un poids beaucoup plus grand que son poids réel dans la société, en même temps que les représentants de la classe ouvrière sont toujours une minorité (s’il y en a une). Les Assemblées constituantes ne sont pas des organes révolutionnaires du peuple ou de la classe ouvrière, ce sont des Parlements, où les différentes classes sociales se réunissent pour négocier
un nouveau « pacte social ». Ce sont des corps de collaboration de classe. [7] Et la grande majorité du temps, les AC n’ont pas non plus le pouvoir entre leurs mains, puisque les autres institutions sont maintenues entre les mains de la bourgeoisie (Exécutif, Forces armées, Justice, etc.). Si à l’époque de l’émergence du capitalisme, les Assemblées constituantes avaient un caractère révolutionnaire, ceci était en rapport avec le rôle de la bourgeoisie dans ce période historique dans sa lutte contre les monarchies. Actuellement elles ont un pouvoir toujours très limités et tout au plus elles permettent quelques réformes démocratiques partielles.

Ainsi, nous pouvons affirmer qu’aucune Assemblée constituante au Chili, avec la bourgeoisie dans son intérieur qui contrôle le reste de l’appareil d’État, ne sera en mesure de mettre fin aux PFA, de nationaliser le cuivre, d’exproprier les latifundiums et les grandes entreprises de pêche, etc. Avant
de permettre cela, les dirigeants organiseraient un nouveau coup d’État et fermeraient l’Assemblée constituante.
C’est pourquoi nous avons toujours dit que le coeur du problème pour mettre fin à la domination bourgeoise n’est pas la réalisation d’une, mais la prise du pouvoir par la classe ouvrière, par le biais de ses organisations de masse et avec l’autodéfense ouvrière et populaire. Le slogan de « AC» (Assemblée constituante) est une revendication démocratique qui a de l’importance dans la réalité dans la mesure où les masses identifient la nécessité de changer la Constitution pour résoudre leurs problèmes, même si cela est impossible à réaliser complètement. C’est pourquoi
les révolutionnaires nous accompagnons les masses dans leur expérience pour leur montrer qu’aucune Assemblée constituante bourgeoise ne résoudra leurs problèmes. Dans le cas du Chili, en raison de la permanence de la Constitution Pinochet-Lagos, la tâche de modifier la Constitution
de manière démocratique est restée et continuera d’être une tâche en suspens. C’est pourquoi le mot d’ordre d’une Assemblée constituante libre et souveraine doit rester dans le programme des organisations de masse. Cependant, nous ne pouvons pas ignorer le fait qu’au cours des trois
dernières années, il y a eu deux expériences (avec plus ou moins de démocratie) et que les masses n’ont plus les mêmes attentes qu’une troisième résoudra leurs problèmes. Le mot d’ordre de « l’Assemblée constituante » en tant que catalyseur du mouvement de masse, au moins
pour un période, a perdu sa force vitale. Ne pas comprendre cela, c’est ne pas comprendre que l’échec de l’Assemblée constituante a été la démonstration la plus exemplaire de l’échec du programme du PC et du Frente Amplio. C’est une leçon fondamentale que doivent tirer ceux qui se
disent révolutionnaires. Sinon, nous continuerons à entretenir l’illusion qu’une « véritable assemblée constituante » sera capable de résoudre les revendications populaires, alors que dans le monde réel, les masses ont déjà fait l’expérience de deux constituants avec des directions différentes (toutes deux bourgeoises). C’est pourquoi nous disons que les organisations qui
continuent aujourd’hui à l’ériger comme une revendication centrale des mouvements sociaux et du mouvement ouvrier, elles ne font rien d’autre que maintenir l’héritage du Parti communiste et du Front large, mais maintenant totalement déconnectées du sentiment des masses.
Les révolutionnaires nous devons expliquer aux masses, avec beaucoup de patience, que la seule façon de résoudre les problèmes du Chili (et du monde) est par une révolution qui balaie toute
démocratie bourgeoise et remet le pouvoir entre les mains de la classe ouvrière, organisée dans ses propres organes de pouvoir (conseils, assemblées populaires, syndicats, etc.). etc.). Ce n’est qu’avec le pouvoir de la classe ouvrière qu’il sera possible de tenir une Assemblée constituante qui réponde réellement aux revendications sociales.

Les tâches actuelles

Enfin, nous invitons tout le monde à relire la dernière note que nous avons publiée sur le moment actuel. Nous y développons de manière plus systématique ce que nous pensons être les défis et les tâches du moment.

Ceux qui se disent révolutionnaires doivent savoir expliquer à chaque travailleur pourquoi, après d’énormes luttes et mobilisations, nous n’avons obtenu aucun changement fondamental. Nous devons être capables d’expliquer pourquoi aucun des processus constituants n’a pu résoudre les problèmes de notre classe et pourquoi dans cette démocratie, il sera impossible de le faire.

Il est nécessaire que nous renouions avec les luttes de la classe ouvrière, de la jeunesse, des habitants des quartier et communes populaires, pour leurs revendications immédiates et historiques, en dressant une liste de revendications au niveau national et en exigeant que les directions des organisations syndicales et sociales (CUT, ANEF, CTC, CONFECH, etc.), mobilisent leurs bases pour ces revendications. indépendamment du gouvernement de Gabriel Boric, qui ne cherche qu’à coopter les directions sociales et syndicales, en les vidant de la représentativité et de la démocratie directe, ouvrant la voie à la dépolitisation, à l’apathie et à l’individualisme.

Enfin et surtout, il est essentiel que nous construisions un parti révolutionnaire qui puisse mener une prochaine explosion sociale, un outil politique, qui permette aux travailleurs de prendre le pouvoir entre leurs mains et de changer la structure économique et sociale du Chili à la racine, en nationalisant le cuivre et le lithium sous contrôle ouvrier, en expropriant les latifundium et les grandes entreprises forestières. restituer les terres historiques au peuple mapuche et mettre en oeuvre un programme visant à garantir le plein emploi et des conditions de vie dignes aux travailleurs, en faisant payer la crise économique actuelle aux capitalistes. La construction de ce parti révolutionnaire doit se faire en participant à toutes les luttes étudiantes, ouvrières et sociales.
À cette réflexion, nous voudrions inviter les militants-es qui sont aujourd’hui seuls-es ou déçus-es par les défaites que nous avons subies ces dernières années.

[ 1 ] Voir: https://digital.elmercurio.com/2023/12/18/C/4I4CCCHB#zoom=page-width
[2] Voir les colonnes de Fernando Átria (Frente Amplio), Cristián Warnken (Amarillos) y Paz Anastasiadis dans l’édition de El Mercurio d’aujourd’hui, 18/12/23.

[3] Bien que nous ayons voté en faveur de la précédente version de la nouvelle Constitution, nous avons toujours dit clairement que la nouvelle Constitution était, dans l’ensemble, bourgeoise et qu’elle ne résoudrait pas les problèmes du pays, malgré les acquis juridiques que le mouvement social avait réussi à introduire dans le projet.

[4] Le rôle des partis réformistes et des indépendants de gauche dans la Convention
Constitutionnelle a été fondamental pour permettre le détournement des mobilisation sociales vers institutionnalité bourgeoise comme nous l’avons développé dans des textes antérieures. Voir:
https://www.vozdelostrabajadores.cl/a-3-anos-del-18-de-octubre-donde-estamos-como-seguimos

[5 ] Voir la position de sa figure publique principale
https://twitter.com/artes_oficial/status/1736448839068893478

[6] Dans une note polémique avec nous, le PTR (Parti des Travailleurs Révolutionnaires), soutien que les luttes sociales contre les AFP, pour l’éducation publique, etc., doivent être orientées vers la conquête d’une «authentique» Assemblée Constituante qui apparaisse de la chute révolutionnaire du régime démocratique bourgeoise. Cette Assemblée Constituante serait le premier pas dans la lutte pour un gouvernement de la classe ouvrière. Voir: https://www.laizquierdadiario.cl/El-MITdesde-
el-Apruebo-hasta-el-En-Contra

[7] Voir: Trotsky, Problemas de la revolución italiana (Trotsky, problèmes de la révolution italienne).
https://www.marxists.org/espanol//trotsky/ceip/permanente/p5.problemasdelarevolucionitaliana.htm