Home

Suite de la lutte en cours dans le Canton de Vaud pour la pleine compensation du coût de la vie des salarié.e.s des Services publics cantonaux

FIN PROVISOIRE ET SUITE D’UN COMBAT DIFFICILE 

La rencontre du 23 mars entre une délégation du Conseil d’Etat et les trois organisations syndicales a confirmé ce que tout le monde pressentait :  l’ouverture au dialogue annoncée par la partie patronale à l’occasion de sa proposition de ce rendez-vous n’était qu’une manœuvre pour tenter d’amortir l’impact de la mobilisation des salarié.e.s.

La délégation du Conseil d’Etat a en effet confirmé en début d’entretien son refus de remettre en question l’indexation au rabais accordée en octobre 2022 au seul personnel de l’administration cantonale pour l’année 2023. Elle a ensuite annoncé que le Conseil d’Etat avait décidé de consacrer 47 millions à des mesures en faveur du personnel des services publics et parapublics cantonaux.

Certaines d’entre elles concernent des domaines pour lesquels les syndicats avaient déposé des requêtes mais les choix ont été fait du côté patronal sans concertation préalables avec les organisations du personnel et aucune d’elles ne concernait la compensation du coût de la vie. Mais l’enveloppe financière décidée comprend, pour brouiller les pistes et le message des média, un supplément pour vie chère unique sous la forme d’un chèque unique de 200 francs versé à chaque salarié.e.s et sera sans incidence sur la pouvoir d’achat de leur salaire. 

Un message politique claire  

Par cet acte le Conseil d’Etat a majorité de droite au pouvoir depuis un an et demi a mis en évidence les deux axes de sa politique du personnel :

  • Pour lui ce dernier ne constitue pas le collectif des travailleur.se.s qui assument les prestations des services publics et parapublics cantonaux et méritent à ce titre une rémunération adéquate et donc ajustée  à la hausse en cours du coût de la vie. Il représente en premier lieu un coût à contenir afin de pouvoir baisser les impôts au plus vite et assurer ainsi la pérennité de la majorité de droite au Conseil d’Etat lors des prochaines échéances électorales.
  • Tant que cette majorité dictera le cours de choses à l’exécutif cantonale vaudoise les rencontres avec les organisations du personnel ne seront plus destinées à négocier des accords au sujet des conditions du travail du personnel mais  à communiquer aux représentants du personnel des décisions prises, quitte à corrigier ces dernières quelque peu en cas de réaction trop négative de ces représentants.

La réponse syndicale

Le 23 mars, la réaction de ces derniers  a été à la hauteur de la provocation: ils ont quitté les lieux de la rencontre et appelé à une nouvelle journée de mobilisation et de grève pour le 28 mars.

Cette journée a eu lieu et a permis de constater que la mobilisation de la base ne faiblissait pas. En effet, elle ressemblait aux journées précédentes avec des grèves en cours de journée dans l’enseignement et dans le secteur de la santé où de nouvelles entités ont rejoint la lutte, et elle s’est conclue par une manifestions de rue en fin d’après-midi qui a vu affluer 3500 a 4000 participant.e.s.

Elle s’est conclue par l’annonce faite que les 3 faîtières s’étaient mis d’accord sur la manière d’aborder la suite :  un courrier commun sera adressé au Conseil d’Etat à l’issue de la manifestation qui demande l’ouverture de négociation en vue :

  • de l’intégration du supplément pour vie chère octroyé le 23 mars au salaire,
  • d’une pleine et entière indexation les salaires du personnel et public cantonal vaudois en 2024 en conformité avec l’indice du coût de la vie d’octobre 2023.

Une option adéquate

Cette annonce avait été faite en fin de manifestation sans grand commentaire et un peu dans l’indifférence, du moins en apparence. Elle est pourtant capitale et mérite à ce titre une évaluation approfondie.

Elle signifie en effet que la séquence de luttes qui s’est ouvert dans ce canton en automne 2022 dans ce secteur d’activité autour de la compensation du coût de la vie s’est terminé le 28 mars sur une défaite, mais en même temps qu’un nouveau combat a dors et déjà été lancé sur la même thématique avec des revendications claires qui sont avancées dans l’unité entre les 3 associations du personnel et qui ouvre une perspective sur la suite.

C’est à la fois regrettable, réaliste et prometteur, car signe d’une maturité politique indéniable.

En effet, la combativité des  salarié.e.s avaient été  remarquable au cours de ces derniers mois dans ce canton et dans ce secteur d’activité au cours des derniers mois, mais le 23 mars dernier son potentiel d’amplification était manifestement épuisé et l’ancrage politique de leur employeur  est puissant à l’heure actuelle dans ce canton. Se tourner vers une nouvelle cible était l’unique option raisonnable compte tenu de ces circonstances et le fait que celle-ci a été identifiée dans l’unité entre les 3 ‘faîtières’ est un acquis pour la suite.

Le pari pris sera difficile, mais pas impossible à gagner. Tout dépendra du travail que les trois associations réussiront à accomplir au cours des semaines et mois é venir pour faire passer le message auprès du personnel, ou en d’autres termes de leur capacité de préparer la remobilisation de ce dernier à l’approche de l’automne prochain : un défi passionnant, mais difficile compte tenu de l’état où se trouve le mouvement syndical dans ce pays à l’heure actuelle. Il mérite d’autant plus qu’on s’y intéresse et qu’on lui apporte notre soutien dans la mesure de nos moyens.

Urs Zuppinger / MPS Suisse Romande